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À l’image de la fumée légère qui s’élève au-dessus de l’adolescent rêveur dans le croquis de Verlaine reproduit en couverture du livre,Christian Dior, Laurent Zimmermann nous offre de Rimbaud un portrait tout en nuances, loin des clichés du poète-voyou à la brutalité provocatrice,abercrombie. Au milieu de l’immense bibliographie critique rimbaldienne, des nombreux et savants commentaires,ralph lauren pas cher, des querelles d’écoles et de méthodes herméneutiques,abercrombie pas cher, l’auteur sait trouver une voix singulière, délibérément «mineure» et non totalisante,abercrombie magasin, sans ignorer pour autant les grandes références critiques du rimbaldisme,polo ralph lauren pas cher.

Sans souci d’exhaustivité, ce recueil se donne pour projet de «jeter un éclairage, le plus intense possible» (p.9) sur la dispersion à l’œuvre dans l’œuvre (ou la non-œuvre)rimbaldienne, à travers le parcours de quelques exemples desquels se dégage un mouvement commun. La dispersion est ici à envisager autant comme méthode que comme objet: traquée dans les textes comme une voie poétique, une stratégie imputée à Rimbaud, cette dispersion est reprise à son compte par le critique pour devenir un prisme,www.lunetteslouisvuittonpascher.info, un tamis de lecture. Par son exhortation à garder à la poésie toute sa force d’ébranlement,abercrombie Soldes, de «mouvement» (une notion bien rimbaldienne), en un mot son effet, afin que le texte ne reste pas lettre morte, Rimbaud ou la dispersion se propose comme un manifeste en faveur d’une conception non patrimoniale de la poésie. La thèse proposée est qu’une force dispersive constitue l’œuvre, qui est «une partie, et une partie importante, de ce qu[e Rimbaud] cherchait à inventer» (p.10), lui qui attendait de la poésie un défigement qui la maintienne ouverte sur la vie. Or, dans la perspective de l’auteur, aucune étude (sauf strictement formelle) à prétention exhaustive ne saurait être valable, au contraire: «ne serait vraiment acceptable qu’une analyse qui ne rende pas compte de tout» (p,suivant les différents moments de la journée ou les périodes de l’année,http.14). La gageure consiste donc à protéger l’œuvre des «atteintes» du discours, tout en en disant quelque chose.

C’est ce que se propose cet essai en trois chapitres, dont le premier observe le travail du «rien» dans «Sensation»,doit absolument retenir votre attention.,http://w, et ses prolongements à travers «Aube», «Jeunesse IV», «Barbare»,louis vuitton pas cher, «Génie»,abercrombie, dégageant ainsi les traits d’une poétique générale, transversale, depuis les Poésies jusqu’aux Illuminations,sacs louis vuitton pas cher. Le deuxième chapitre se concentre sur un texte, moment fondateur et canonique, le «Bateau ivre», et ses péritextes, ces résurgences que constituent dans les Derniers vers «Comédie de la soif» et «Michel et Christine». Enfin, le troisième chapitre étudie Matinée d’ivresse dans son rapport aux paradis artificiels baudelairiens,dior pas cher, pour déterminer la singularité de la poétique rimbaldienne de l’ivresse.

À rebours de l’image de Rimbaud comme d’un poète de la démesure, de l’hybris,moncler pas cher, Rimbaud ou la dispersion s’ouvre sur le travail du « rien» au sein des textes,abercrombie femme. Le livre nous y fait entrer par le détour d’un petit épisode de fiction biographique,mettant en scène Rimbaud en partance, avec son «rien» pour bagage, ce baluchon de bohémien, de voyageur aimanté par l’inconnu, à l’instant décisif où tourner le dos à l’écriture.

C’est comme si ce geste du départ, de l’anticipation, ce désir d’à-venir avait déjà toujours été là, lisible au cœur des textes – et ce dès l’un des tout premiers poèmes,dior sacs, le célèbre «Sensation», où «rien» rime avec «bohémien» ; la sensation est anticipée, paradoxale («je ne parlerai pas,abercrombie pas cher, je ne penserai rien»), c’est une jouissance goûtée au présent pour sa pure virtualité. Le désir y est tout entier préservé en tant que désir, en tant que tension, dans l’instant – c’est en cela que «Sensation» offre un modèle d’être-poétique-au-monde,lunette louis vuitton pas cher, que le critique rapproche de la belle définition de René Char selon laquelle le poème est l’amour réalisé du «désir demeuré désir». En effet, il ne s’agit pas d’« un rien de l’absence de tous bouquets», essentiel au langage, mais d’«un rien qui se crée au cœur du tout pour à son tour devenir générateur», d’un rien en tension dialectique avec la profusion, qui a donc quelque chose d’un geste de «table rase», force de négation (brutale) orientée vers la recherche de «la nouvelle harmonie». La portée métapoétique du poème est renforcée par l’anagramme que constitue le titre – «Aube» pouvant en effet se lire comme le bouleversement du «Beau» – nous ramenant à l’enjeu qu’a établi Une saison en enfer: savoir saluer la beauté, après l’avoir bousculée, injuriée («Cela s’est passé. Je sais aujourd’hui saluer la beauté»). En effet, contrairement au Baudelaire du poème «La Beauté» («Je hais le mouvement qui déplace les lignes»), « le poète des Illuminations travaille dans le sens d’une beauté en mouvement, d’une beauté inachevée, dégagée du rêve de la clôture et de l’immobilité» (p.45).

La définition du concept central de l’ouvrage, la «dispersion», se précise alors: elle est du «rien» avec du tout, elle est le mouvement produit par cette alchimie des contraires. Dans cette dialectique, la dispersion vise à «laisser la place vacante pour l’événement», qui est non pas ce qui a lieu avec le poème, mais «ce que le poème appelle, ce dont il permet le surgissement». La dispersion est «cette tension, cette dialectique violente qui ouvre la trajectoire poétique» (p.45). Le poème se clôt sur une exigence éthique, une exhortation (très oratoire), à savoir «renvoyer» le génie tout en le suivant partiellement par les éléments de son corps. Aussi l’espace et le mouvement de l’écriture s’ouvrent-ils à des problématiques existentielles: l’action du poème consiste à « déchirer le rideau de figement qui empêche l’existence de rester ouverte à l’événement», «le déchirement devant toujours être recommencé» (p.47). Violence et douceur se conjuguent en ce geste, de même que les «Douceurs! » hyperboliques du poème «Barbare» en compensent le titre et la «viande saignante». La violence s’associe à un désir de construire, la dialectique est alimentée par un appel à la délicatesse – et c’est bien encore la beauté, in fine, qui est visée; élan que l’on pourrait résumer dans cet appel de «Génie»: «Le dégagement rêvé, le brisement de la grâce croisée de violence nouvelle!».

Au stade des Illuminations, il ne s’agit donc plus de «fixer des vertiges» (tentative qu’«Alchimie du verbe» a récusée ironiquement) mais de laisser le vertige agir en tant que tel: si nous le reformulions en termes deleuziens, d’attendre non le possible (le calculable) mais le virtuel, le surgissement de l’événement. La poésie pourrait alors trouver son modèle idéal dans les arts du temps, de la performance, danse ou musique, tout entiers du côté de l’effacement, de l’éphémère, telles «votre danse et votre voix – non fixées» du poème «Sonnet».

Espoir et force de dispersion, de défigement revêtent ici un pouvoir sur la vie, acquièrent une dimension éthique – dans la lignée des propositions d’Yves Bonnefoy; cette exigence imputée à Rimbaud est donc à reprendre à notre compte dans notre attitude de lecteur, afin de conserver à l’œuvre toute sa force, de ne pas figer le discours ou l’analyse. Il s’agit bien plutôt d’un exemple typique de la poétique de l’excès du premier Rimbaud: mais la fin du poème met en scène un effondrement de l’expérience, de la traversée, une déception, et un désir de dispersion dans le souhait «que ma quille éclate», accompagné de l’apparition d’une figure inédite: un petit papillon, qui ne fera retour qu’une seule fois dans l’œuvre rimbaldienne, dans «Comédie de la soif», au pluriel («les derniers papillons»).

Or il y a un rapport thématique évident entre les deux poèmes, que l’auteur de La littérature et l’ivresse ne manque pas de souligner, puisque le champ de l’ivresse, de la soif, le vocabulaire des boissons et du liquide sont convoqués. «Comédie de la soif» se donne donc à lire comme une reprise-réinvention de ce qu’initiait le «Bateau ivre».

Un autre poème rarement commenté en prolonge la teneur, présentant de grandes similitudes avec la «Comédie»: «Michel et Christine», au titre de vaudeville. Cette perspective l’amène à prendre en considération, dans son étude du sillage du «Bateau ivre», le poème «Forme» de Michel Deguy (dans Gisants, Poèmes III), qui poursuit la trajectoire du navire rimbaldien en opérant une déformation (présumée volontaire) de «Ô que ma quille éclate! Ô que j’aille à la mer!» en: «Oh que ma quille éclate Oh que j’aille à la mer». Le critique montre aussi comment la reprise du mot «lames»,Un voyage onirique,http://www.lunetteslouisvuittonpascher.info, qui désignait la mer dans le poème rimbaldien, pour ici décrire la coque du bateau, vient brouiller, perturber la déclaration de principe que posait le poème deguyen (importance de la distinction entre forme et contenu). Ainsi s’éclaire le sens du travestissement de la citation de Rimbaud, qui contribue à mettre en jeu, en scène, ce conflitet, «la forme et la fixité étant posées, [propose] une lutte intense et incessante contre elles, pour que toujours le défigement reprenne le dessus». Le poème «Forme» de Michel Deguy serait alors une sorte de parabole de ce «mouvement continué de l’ouverture» que réclame la poésie, «faisant de cette continuité ce que propose la poésie» (p.105).

L de La littérature et l s enfin à recenser les différentes lectures qui ont été proposées de la longue illumination Matinée d’ivresse, pour remettre en contexte la réception de ce poème et en proposer à son tour une lecture dynamique – non pas «explication de texte» close mais examen au prisme de la dispersion.

Cette illumination entretient un lien au Baudelaire des Paradis artificiels, et au genre du compte-rendu d de prise de drogues (tel le Club des Haschischins de Gautier) ou d alcoolisée. Bonnefoy, A. Guyaux, V. Nahoum-Grappe, P. Ces thèses s’opposent sur le fond mais se rejoignent sur la forme en ce qu postulent qu’une lecture univoque, cohérente du poème est possible, alors que pour Laurent Zimmermann, l’indétermination (renforcée par la confusion des temps à l’intérieur du poème) «est volontaire, et doit être lue comme telle» (p.117).

L’auteur propose donc un examen du rapport de Rimbaud à Baudelaire à travers la figure de l’enfant qui s dans «Bénédiction» et qu retrouve au pluriel dans le poème de Rimbaud («sous les rires des enfants»), rendant le sujet singulier traversé de multiplicité. Or chez le Baudelaire des Paradis artificiels, l de la drogue provoque une angoisse de la dispersion – tandis que Rimbaud cherche à «atteindre la pluralité et la dispersion», la «déformation». Il faut donc voir dans «Matinée d’ivresse» un hommage paradoxal, une référence au maître en même temps qu façon de s démarquer – de même que dans la «Lettre du Voyant» Rimbaud loue Baudelaire (un «vrai dieu») et l’attaque simultanément sur le terrain de la forme, qu juge «mesquine». L’auteur ne dit pas s’il faut voir en ce trait rimbaldien un effacement proche de la dépersonnalisation verlainienne, mallarméenne ou symboliste.

Au geste unique de Rimbaud – «avoir refusé soudain l’écriture et l’ensemble de la vie littéraire», résiste l’œuvre elle-même, cette magnifique rémanence: Laurent Zimmermann propose de lire ces deux versants opposés ensemble, et de voir en cette «volonté de dépassement de la poésie» son accomplissement, puisque «ce qu’il s’agissait de réaliser pour Rimbaud consistait à mettre en œuvre, et à penser en même temps, le mouvement de dispersion, de déchirement du poème en direction du réel.» (p.136)

Par fidélité à cette éthique rimbaldienne, il nous faut donc «essayer d’inventer les moyens de lire Rimbaud en continuant à être dérouté par ce qu’il propose» (p.137). C’est là le défi que relève Laurent Zimmermann en cette année où Rimbaud a fait son entrée au programme de l en nous proposant un mode de lecture qui tienne de l de texte, rejoignant ainsi l’injonction baudelairienne : «Enivrez-vous !»

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