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oakley pas cher,lunette pas cher,Paru dans Technikart n° 65

Marre des Mc-jobs et de l’univers étouffant des mégapoles?

Peut-être avez-vous entendu parler de ces gens partis habiter dans des troglodytes près de Saumur? Et peut-être ferez-vous comme notre reporter qui a délaissé son F2 parisien pour rejoindre ces hommes des cavernes des temps modernes.

Le journaliste parisien est un con coupé de tout. Depuis la terrasse d’un bistrot de la Bastille, il échafaude des théories en buvant son café à 3 au milieu des gaz d’échappement. Mmmmh, les jeunes filles portent des sacs de squaw en bandoulière, les employés de Technikart marchent pieds nus sur leur lieu de travail et mon cousin fume de l’herbe tout en jouant du tam-tam,lunettes ray ban. Tiens, et si la France connaissait actuellement une revival hippie, se dit soudain le journaliste parisien, confondant le shoot au dioxine de carbone qu’un vieux J7 vient de lui administrer avec un éclair de lucidité? C’est dans ce contexte qu’un jour parvient sur la boîte mail du journaliste parisien le message d’une jeune lectrice prénommée Mariella: «J’ai passé, dit le courrier,oakley gascan,oakley crowbar 7151, un week-end dans une communauté troglodyte du côté de Saumur,ray ban pas cher, c’était dément. Il faut absolument que j’y retourne; je me demande si je n’ai pas rêvé.»

Les néohippies existeraient donc,oakley pas cher? Gentiment,ray ban aviator pas cher, Mariella nous communique les coordonnées de ce lieu magique et perdu,carrera lunette, chapelet de grottes connu par quelques initiés sous le nom de village Troglobal. Après avoir vérifié le niveau d’huile de mon fidèle destrier mécanique et lui avoir payé une tournée de liquide de refroidissement, je mets le cap sur cette lointaine contrée, vitres ouvertes et ma copine assise à la place du mort,lunette carrera. Cinq heures de route plus tard, nous voilà dans le Maine-et-Loire. Le fleuve qui traverse ce département (vous l’aurez deviné,carrera lunettes, il s’agit de la Loire) offre au regard de larges bancs de sable sur lesquels des vacanciers sont venus s’échouer pour oublier le littoral et son surpeuplement. Il fait chaud, terriblement chaud, et les tranches de salami que nous avons emportées pour nous restaurer exsudent jusque dans l’emballage isotherme. Heureusement, le but est proche. Le moment est enfin venu de prendre contact avec un autochtone: «Excusez-moi monsieur, on cherche le village Troglobal,oakley pas cher, c’est une communauté de néohippies…» Très sérieusement,lunette oakley, l’air légèrement indigné par tant d’a priori, le monsieur nous corrige avant de nous renseigner: «Attention, ce n’est pas un campement de néohippies, mais un domaine artistique. Vous faites demi-tour puis à gauche et encore à gauche.»

DREADLOCKS ROUSSES

Après quelques mètres sur un chemin de terre bordé de forêt, l’entrée de Troglobal apparaît enfin. Il y a là une buvette en bois, un panneau sur lequel est inscrit «Aujourd’hui» en gros caractères,ray ban pas cher, une tenture multicolore, une boîte aux lettres défoncée, une pancarte qui souhaite la bienvenue au visiteur, quelques caravanes aux tons acidulés et, surtout, deux êtres humains, l’un sur une bicyclette, l’autre plongé dans le moteur graisseux d’un énorme camion-benne Unic,oakley. On s’approche avec, il faut bien l’avouer, une certaine trouille. Après tout,lunette carrera, cette étrange peuplade qui vit en marge de la civilisation est peut-être antimédias et cannibale et le mécanicien pourrait se retourner et me finir, là, clac, d’un coup de clé à molette définitif,carrera pas cher. La peau de mes fesses une fois séchée finirait alors sur la caisse d’un djembée que frapperait chaque soir une belle troglodyte arborant mon os pelvien en pendentif, lequel oscillerait au rythme des percus,lunettes oakley. Coup de bol, peut-être parce qu’on leur a offert un numéro spécial de Technikart, le mécano nous épargne. Son pote, qui doit urgemment aller se baigner, nous invite à déambuler librement dans le village: «On se reverra plus tard…»

«IL NE FAUT PAS CROIRE QU’ICI C’EST ZION. A TROGLOBAL, TOUT LE MONDE CONTINUE À VIVRE AVEC SES DÉMONS. ET QUAND TU FAIS DES ERREURS,ray ban lunette, IL FAUT APPRENDRE À LES PORTER» (BEN).

A peine avons-nous effectué quelques mètres qu’on tombe sur un jeune gars à dreadlocks rousses et à l’allure de Robinson sauvage qui se prénomme Ben. On lui explique pourquoi on est là et Ben, avec un sens de l’accueil vraiment touchant, nous prend immédiatement en charge. Il nous conduit vers la caravane de Yohan, un résident plus ancien. Surprise: on connaît déjà Yohan, puisqu’il s’agit du gars qui devait aller se baigner. Yohan nous donne alors un nouveau rendez-vous pour plus tard («J’ai des trucs à faire, on se voit tout à l’heure») et mandate Ben pour assurer la visite du site. Désireux de nous faire partager l’hallucination qu’il a eu le jour où il a débarqué sur place, Ben ne cesse de répéter «Attends, attends, je vais tout t’expliquer», comme si nous allions être conviés à une fulgurante révélation.

D’ACCORD, ON EST LOIN DE L’UNIVERS DE «MARIE-CLAIRE MAISON», MAIS LES LOYERS RESTENT RAISONNABLES ET LE BOULANGER EST SYMPATHIQUE PUISQUE C’EST VOUS.

PREMIÈRES GROTTES

Le site est en pente descendante mais la visite, elle, est organisée par ce guide roots et survolté comme une véritable montée de psychotropes: d’abord des tipis recouverts de matière plastique installés au milieu des bois, puis un dôme en aluminium quelques mètres plus loin qui semble venir tout droit de l’arrière-pays californien, là une cabane perchée qui ressemble à un squat oriental et, soudain, les premières grottes. Sombres, humides, basses de plafond, elles n’invitent pas véritablement au farniente malgré leur nom souvent poétique (la Grotte aux amoureux, la Grotte aux piliers, la Spéciale…). «Ça, c’est une grotte d’accueil, explique Ben, en nous montrant un trou obscur dans la roche. Ici, à Troglobal, il faut savoir qu’il y a trois groupes différents: les résidents, environ une dizaine de personnes qui habitent sur le site toute l’année; les nomades, qui viennent de temps en temps; et les pèlerins, qui ne font que passer. Mais t’inquiète pas, je vais tout t’expliquer…»

Arrivé aux abords de ce qui semble être les chiottes,carrera, on croise un gars qui nous sourit: il a le numéro spécial de Technikart entre les mains. Visiblement, les nouvelles circulent vite dans le village Troglobal. «C’est là qu’on fait caca, poursuit Ben, en nous montrant un WC constitué d’une planche de bois trouée sous laquelle est installée une grosse poubelle en plastique. Ensuite,lunette oakley, on se sert des excréments pour faire du compost dans le jardin. L’objectif, ici, c’est d’atteindre l’autonomie maximum, même s’il nous arrive de faire du troc avec les paysans du secteur.» Quelques mètres encore et nous avons droit,ray ban, nous aussi, à notre hallu’ finale: devant nos yeux apparaît, au milieu de la verdure,ray ban moins cher, le cœur de Troglobal, une sorte d’amphithéâtre entouré de falaises et décoré de statues taillées dans la pierre, un lieu à la fois sauvage et impérial. Achetée il y a plusieurs années par deux amis, cette ancienne carrière d’extraction servant à la construction de châteaux a été progressivement réhabilitée et mise gracieusement à la disposition de l’association qui en assure la gestion en même temps que la customisation.

En contrebas, au milieu de cette arène impressionnante dominée par une tête de hibou sculptée, on découvre Françoise, une belle femme de presque 50ans (mais qui en paraît dix de moins), occupée à préparer le repas du soir en paréo fushia. Elle nous sourit,oakleyradar 0872. Et Stef, robuste tailleur de pierres, qui nous sourit aussi. Comment sont-ils arrivés ici,lunette de vue oakley, dans cet îlot surréaliste et apaisant? Tous ont leur histoire singulière, écrite à la marge d’une société qui offre l’autocombustion comme projet d’avenir. «J’en avais marre de partie en couille avec mes potes de Niort, explique Ben. Je suis monté à Paris à l’arrach’ pour les manifs anti-Le Pen. Là,C’EST TROGLOBAL, j’ai fait la connaissance d’un mec qui avait le même look que moi, mais qui ne fumait pas et ne buvait pas. Ça m’a fait un choc, ça m’a déscotché. Il m’a conseillé d’aller faire un tour en Bretagne où je suis tombé amoureux des Côtes d’Armor. J’ai fait du ramassage d’œufs, j’ai vécu dans les bois et c’est là-bas que j’ai croisé un résident de Troglobal. Voilà comment je suis arrivé ici. En stop…»

LE JEU DES CITROUILLES

Lieu d’existence alternatif, Troglobal propose à ses résidents de vivre ensemble sur le mode de la confiance réciproque sans – presque – aucune référence à l’argent. «Ici, la vie est réglée par le jeu des citrouilles, explique un résident. Les gens perdent et gagnent des citrouilles. Participer aux travaux collectifs, à l’entretien du site, au déblaiement des grottes, vous permet de gagner des citrouilles. On bosse d’ailleurs énormément et on doit toujours penser aux autres,ray ban pas cher, au site, avant de penser à soi. Mais, la difficulté,C’EST TROGLOBAL, c’est que rien ni personne ne vous oblige à travailler. Vous pouvez continuer à manger et à dormir même si votre compte de citrouilles est ultradébiteur. Il faut quand même savoir que si vous ne faites rien, vous allez rapidement ressentir l’animosité des autres résidents et vous ne serez plus en harmonie avec le site.»

«DORMEZ DANS UNE GROTTE,lunette ray ban pas cher, VOUS ALLEZ VOIR, C’EST UNE EXPÉRIENCE UNIQUE: VOUS ALLEZ VOUS RETROUVER DANS LE VENTRE DE LA PATCHA-MAMA!» (UN RÉSIDENT).

La cloche retentit: c’est l’heure du dîner. Les résidents de Troglobal nous invitent gentiment à partager leur repas: des pommes de terre aux petits oignons, des courgettes à la menthe et du vin assez charpenté servi dans des pots de confiture Mamie Nova – «On ne mange que très rarement de la viande et beaucoup de légumes. On essaie d’être autosuffisants sur le plan alimentaire.» Notre compte de citrouilles est déjà dans le rouge. Erwan, un robuste charpentier faussement bourru, nous explique comment il a quitté la vie en appartement pour adopter celle, plus vivante et enrichissante, des communautés alternatives: «Ici, tu apprends à vivre avec des gens que tu n’as pas choisis, c’est une manière de dire que c’est possible, sans se faire la guerre,carrera lunettes site officiel. Franchement, y en a marre du stress ambiant. C’est sans doute pour ça qu’on voit s’ouvrir partout en France de plus en plus de lieux comme Troglobal.»

Vivre sans eau courante – les résidents se contentent d’un puits -, sans chauffage central – ils chauffent les grottes avec de vieux poêles à bois -, sans télé – un vieux drap blanc sur lequel sont projetées des cassettes vidéos sert de home-cinéma -,soldes ray ban, sans frigo – la température presque constante des grottes fait l’affaire -, sans chef – les décisions se prennent à l’occasion des paw-paw, grandes consultations démocratiques -, ne sont finalement que de menus renoncements au regard de ceux qu’exige la société moderne,Ray Ban Wayfarer.

13° SOUS ABRI

Privés de Bigdil, les résidents de Troglobal partagent leur temps libre entre l’expression artistique (sculpture, peinture,oakley, théâtre,oakley pas cher, musique, taille de pierres…) et la discussion qui permet l’échange de connaissances. On aura ainsi appris, en tout juste 24heures, la recette de la vodka-taggada,ray ban pas cher, des notions relatives à la régénération du sang via les tiques, des trucs sur les énergies propres, les décoctions de plantes et autres connaissances oubliées. On aura aussi fait un pain bio,lunette ray ban pas cher, que les résidents ont ensuite cuit dans un de leurs cinq fours à bois hérités de l’époque médiévale. Puis on est parti se coucher. «Dormez dans une grotte, vous allez voir, c’est une expérience unique: vous allez vous retrouver dans le ventre de la patcha-mama!» Pour ne pas vexer notre hôte, on s’exécute. Mais rapidement, en raison de l’humidité ambiante, naît la sensation de se transformer en champignon de Paris («En hiver, nous confiera plus tard un résident, la température tourne autour des 13°»).

On migre donc dans un tipi, pour une nuit courte rythmée par le chant obsédant du coq. Réveil avec les yeux en trous de pine. C’est dimanche. Ben s’enquille un gros bang au réveil («C’est dimanche, j’ai le droit de me déchirer la tête», dit-il avec un fond de culpabilité alimenté par la réprobation silencieuse d’une partie des résidents). A Troglobal, l’absence d’autorité apparente ne veut pas dire absence de règles, ni complaisance. Avec un fond de mélancolie accentuée par les effets de sa fumigation, Ben avoue: «Il ne faut pas croire qu’ici, c’est Zion. A Troglobal, tout le monde continue à vivre avec ses démons. Et quand tu fais des erreurs, il faut apprendre à les porter. Moi, il n’y a pas longtemps, j’ai défoncé une plantation de courgettes et de melons. Ils étaient plutôt dégoûtés. Maintenant, il faut que je fasse mes preuves…»

Il est bientôt 13h00 et le syndrome du troglobalien (pertes de repères temporels, sentiment d’appartenir à un monde en soi qui se suffit à lui-même…) commence à couler sur nous comme du miel. Les gens sont sympas, il fait beau, les petits chats jouent à nos pieds, la vie semble nous offrir un peu de répit. Stef’ nous montre les grottes avoisinantes, Yohan jongle, Sam prend son petit déj’, Ben rigole, Erwan lit, Françoise soigne les tiques de ses chiens, Pauline et Youri reviennent tout crasseux de trois semaines de festivals, Jill fait on ne sait trop quoi, tout comme Béné. Il est temps de partir et de rejoindre l’univers qui est le nôtre, dont la sécheresse s’impose à nous avec encore plus de force depuis qu’on a croisé les Troglobaliens. Mais on le sait désormais, des germes de civilisation subsistent dans les grottes…

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